Je n’avais qu’une envie « aller faire pipi et me laver les dents » Quelques heures plus tard, le matin même la kiné m’a proposé de marcher un peu, je ne me suis pas posée 5000 questions, je lui ai fais confiance et nous avons fait des longueurs dans le couloir,
Le même jour à J1 ma maman est venue pour me laver, je ne voulais pas me faire laver, ni montrer mon corps, et en même temps je n’étais pas capable de le faire seule même si je tenais debout.
C’est à ce moment là que je me suis rendue compte que je n’avais pas de pansement sur la cicatrice., je n'avais donc pas de soin post op juste une radio des poumons par jour
En réalité, j’ai des fils d’acier dans mon corps et tout le long de la cicatrice j’avais une colle chirurgicale pour recoller la peau là où cela a été incisé.
** (Les fils d'acier sont inoxydables, solides, qui permettent de faciliter la cicatrisation des os.)
Les jours suivants, j’avais toujours la pompe à morphine mais je ne m’en servais pas bcp ,Je ne souffrais pas au point de ressentir le besoin de la solliciter
Surtout que la morphine a tendance à donner la nausée, de ralentir la fonction intestinale et je ne voulais pas que tout ça entrave à l’évolution du début de ma convalescence pour vite sortir de l’hôpital.
Pourtant j’ai compris un peu plus tard que profiter un peu plus de ce confort était une bonne chose pour chaque petit geste, avant un effort : la toilette , aller aux wc , aller en examen, marcher quelques pas, devoir me redresser dans le lit ( qui était très difficile pour moi à cause des douleurs musculaires) ou même après des choses toutes bêtes, rigoler, éternuer ou même tousser, ces petites choses qui réveillent la douleur …
J'ai été opérée le lundi 8 novembre, le 10 on m’a retiré le drain, donc je pouvais reprendre des douches normalement en mouillant la colle et la cicatrice, il ne fallait juste pas que je ne prenne de bain ni que je touche à la colle ….
Tout allait vers le positif donc il était question je sorte de l’hôpital et que je continue ma convalescence à la maison dès le vendredi, j’étais ravie et plutôt fière de me dire que je me remettait si bien de cette épreuve sauf que ….
Le jeudi j‘ai commencé à me sentir un peu bizarre et je me connais, je disais « il y a quelque chose qui ne va pas » pourtant à ce même instant je n'avais rien, pas de symptôme, pas de fièvre rien d’alarmant , donc tout le monde me disait « c’est rien c’est ton corps qui a le contre coup de l’opération …. » chose que je n’entendais pas car je savais ….
À 18h j’ai demandé le termomètre qui a gentiment affiché un joli 39 ! Donc là je savais que c’était le début des problèmes, mais quels problèmes ?
La cicatrice était propre, je n'avais mal nulle part, ni mal à la gorge, je n’étais pas enrhumée ( après tout j’aurais pu attraper froid au bloc ) je ne toussais pas, je n'avais pas mal aux reins ….Rien !
J’ai immédiatement été mise sous antibiotique en attendant les résultats des examens que je venais de passer pour comprendre la raison de cette fièvre et bien évidement, il était hors de question que je sorte de l’hôpital.
Honnêtement je ne comprenais pas ce qu’il se passait, ok il y avait la fièvre, mais je ne me sentais pas si mal !
Et du coup j’étais à moitié en train de délirer en criant sur tous les toits ,
« je suis certaine qu‘ils ont oublié une compresse dans mon corps et que ça s’infecte »
réponse de mon infirmière:
« calmes toi Sabrina on est pas de greys anatomie :) …..
3 jours après, je n’avais plus de fièvre sur le thermomètre donc les médecins étaient soulagés ce qui n’était pas mon cas, ce que j’ai vite expliqué, je n’avais plus de fièvre car je continuais de baisser mes doses de morphine et que j’étais sous Doliprane donc la fièvre n’avait quasiment pas le temps de monter, mais je me sentais mal et je me connais ….
Le lundi matin, j’ai du passer un scanner des poumons et c’est à ce moment là que le diagnostic est tombé puisque les images ont montré l’apparition d’un foyer pulmonaire important.
J’ai alors été transféré en pneumologie pour une durée indéterminée où j’ai continué à avoir de la fièvre durant 5 jours le temps de trouver le bon antibiotique.
, je réalisais aussi que dans ma tête j’avais tellement peur d’avoir mal que depuis le lundi 8 je ne toussais plus du tout , j’avais conditionné mon corps, ce qui n’était pas une bonne chose car j’avais des choses à évacuer.
J’ai été mise sous aérosols, sous perfusions, sous hydratation intense et le kiné passait tous les jours pour m’aider à me déplier et me soulager au niveau musculaire, j’étais crispé et replié sur moi même, ce qui m’empêchait de bien respirer et débloquer cette infection et si on ajoute à cela le confort horrible du matelas de l’hôpital et le fait que je ne dormait que dans une position en post op ( sur le dos ) autant vous dire que j’étais en pièces détachées :)
Au bout de 15 jours d’hospitalisation, ma radio des poumons n’était pas nickel mon bilan sanguin non plus mais je voulais sortir, mon fils commençait vraiment à être triste et moi je sais gérer, de plus, je sais qu’en reprenant non pas une activité mais des mouvements du quotidien ça ne pouvait aller qu’en s’améliorant donc j’ai insisté pour sortir, je suis sortie sous perfusions à domicile heureuse de retrouver mon chez moi et mes proches
Les premières nuits étaient toujours aussi compliquées au niveau musculaire, je dormais sur le canapé parce que j’étais bien que sur celui-ci et au moins je pouvais gérer les perfusions ( que je fais seule) sans réveiller tout le monde.Très vite en reprenant des gestes simples, mon corps gérait de plus en plus et les douleurs diminuaient ce qui m'a permis de stopper complètement le Doliprane ….
Aujourd’hui un mois après l’opération, je suis encore un peu fatiguée car j’ai très peu dormi durant tout cette épreuve et aussi parce que mon corps n’était plus en activité, la colle sur la cicatrice commence à partir, il y a encore un peu de fragilité mais tout va vraiment TRÈS bien.
Je n’ai pas souffert comme je l’imaginais, la cicatrice ne sera pas aussi horrible que ce que je pensais et petit à petit je pense que j’arriverais à aimer mon corps de femme, ça prendra du temps mais j’ai aussi décidé de me faire aider par différents professionnels pour ça ….
Tout est bien qui fini bien , mais je dois aussi avouer que même si je ne suis pas une personne négative avec tout ce que j’ai vécu, dans la vie on n'est pas obligée de tout accepter, c’est ok de ne jamais baisser les bras, mais sur cette épreuve je me suis souvent senti très seule car quand j’en parlais j’avais en retour cette phrase que je ne supporte plus d’entendre « ça va tu as vécu pire » c’est vrai, mais j’avais aussi le droit de crier, hurler et d’en avoir marre, à méditer …
Mes conseils :
- La première chose que je conseille :si tout comme moi vous avez une réelle appréhension sur la »future» cicatrice, la trace que cela va laisser, il faut en parler, en parler et encore en parler !
« certains vous diront, « ce n’est qu’une cicatrice et si ça peut te sauver la vie, on s’en moque ».
Bien évidement que le raisonnement est bon mais non on s’en moque pas ! Aujourd’hui il y a des techniques et de plus si vous en parler votre chirurgien fera d’autant plus attention le jour J.
Par exemple, ma cicatrice devait démarrer du bas de la trachée jusqu’au sternum et ma chirurgienne à tout fait pour qu’elle démarre de 4 cm plus bas …. C’est pas grand chose 4cm mais en terme de visibilité (vêtements décolletés, c’est énorme ).Alors encore une fois , discutez en .
- Si vous avez la possibilité de faire un peu de sport avant une telle épreuve ça aide toujours pour les conditions opératoires , pour l’oxygénation et pour une récupération plus rapide.
-La médiation, la relaxation et le yoga pour maîtriser les angoisses.
- L’alimentation, consommez des aliments qui favorisent la cicatrisation et en éviter certains.
-Conseil pour l’hospitalisation, prenez votre oreiller, ceux des hôpitaux sont très souvent inconfortables et pour avoir une sensation un peu plus douillette malgré les douleurs et vos courbatures n’hésitez pas.
- Comme je l’ai indiqué plus haut , profitez de la morphine et des anti-douleurs, les équipes médicales sont très attentives à la douleur et moins de douleurs aident aussi à récupérer plus vite..
- Je le rappelle au cas où même si ça parait logique, ne pas porter de lourd, faire attention aux efforts physiques, ne pas prendre de bain, piscine, spa etc …. Éviter ce qui peut frotter sur la cicatrice.
- Pour la cicatrisation, une fois la colle tombé j’ai une crème cicatrisante à appliquer :
Ialuset qui est une crème à base d’acide hyaluronique.
Enfin si vous chercher un bon service de chirurgie thoracique, je vous conseille celui de l’hôpital Cochin qui est absolument excellent , je n’en dirais pas autant pour d’autres services mais là vraiment les équipes sont formidables !
Voilà, je crois que je vous ai raconté le principal et je pense à avoir résumé l’essentiel. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à m’écrire sur le site ou suR mon compte Instagram .
Et pour finir je tenais une fois de plus à remercier, mon chirurgien le Docteur E. Canny qui a été très douce, très à l’écoute et toute son équipe qui a été extraordinaire ainsi que toute l’équipe du bloc de la chirurgie thoracique Sonia et tout le personnel incroyablement gentil et compétant, une fois de plus c’est grâce à vous que les patients vivent mieux les choses …..
Sans oublier le personnel et les Kinés de la Pneumologie
Et bien entendu merci à tous, vous mes lecteurs abonnés, amis, proches …. vous qui m’avez tant soutenue et qui continuez de suivre dans ma petite vie pour le meilleur et pour le pire.!